vendredi 31 juillet 2009

N 28. Encore Benzéma ?


Depuis notre licenciement, nous ne sommes plus, comme le dit Michel, que de pauvres loques errantes. Aller de bar en bar peut sembler n’être qu’un lent suicide, pourtant, je suis convaincu que cela nous permet, malgré tout de garder ce lien social indispensable à toute vie en société. Evidemment cela ne vole pas haut, nous buvons trop et nous ne sommes pas très diplomates, mais est-ce notre faute si tant de cons fréquentent les mêmes bars que nous ? Ils disent pareils de nous ? Ouais, ben, qu’ils viennent nous le dire en face.
Justement ce soir, au bar des sports, y’a profusion de toquards et il nous faut beaucoup de sang froid pour supporter tout cela. Michel me tanne pour que je sorte le revolver que j’ai récupéré suite à la connerie de ce pauvre Lucien. Depuis quelques jours, Michel, ne me parle que de cela. Il veut que l’on utilise l’arme pour faire « un coup ». « Merde, Martin, on a besoin de fric. Les journées sont longues et les consos ne sont pas données ». Je lui explique que grâce à la baisse de la TVA, les gentils patrons de bistrots vont bientôt nous offrir à boire. « Pas vrai, Bob ? » Le patron bougon se détourne pour rejoindre ce groupe d’abrutis qui squattent notre coin de comptoir. « Karim Benzema ne réussira jamais au Réal. Tu verras que l’an prochain il va revenir à genoux demander pardon pour rejouer avec l’Olympique Lyonnais. Et gratuitement en plus ! » Je regarde la grande andouille qui vient de parler en me disant que Michel a parfois bien raison. Je devrais sortir mon arme. Parce que là, on a franchit allègrement le mur du con, comme ils disent au canard Enchainé. « T’es de la famille à Lucien ? » Michel vient d’attaquer bille en tête, mais le type qui ne nous connaît pas, ne comprend pas l’insulte et répond non en souriant. « C’est qui Lucien ? » Je devine l’orage qui gronde et je veux m’interposer, mais Michel est plus rapide : « L’autre tête de con, là » Lucien réagit violemment mais Michel le calme d’un revers de main qui claque bruyamment dans le bar silencieux. Les mecs se regroupent, tendus autour de leur pote. De notre coté, je vois Arobase et Joël descendrent discrètement de leurs tabourets. Paulo, lui ne bouge pas : Il dort. Ma main se crispe sur le revolver. « Vous nous cherchez ? » Je m’avance vers le groupe, tout en gardant une juste distance de sécurité. « Ecoutez les mecs, ici vous êtes chez nous, alors, un peu de respect » Je montre Paulo du doigt : « C’est le frère de Benzéma, il n’aime pas trop que l’on dise des conneries sur son frangin. » Les mecs nous regardent surpris. Ils ne savent pas trop quoi penser. Ils sont vraiment bas de plafond, mais l’atmosphère se détend et je respire un bon coup. « L’est même pas arabe votre pote, vous vous foutez de notre gueule. »Me lance le plus éveillé de la bande « Qu’est-ce que tu crois ? Vous êtes drôlement mal renseignés. Benzema n’est pas arabe, il s’appelle Gilbert. C’est l’Olympique Lyonnais, qui par souci de marketing l’a obligé à changé de nom. Pour vendre plus de maillots en banlieue. C’est pas vrai Paulo ? » Paulo se réveille d’un coup, pour évaluer à mon regard la situation : « Ouais, tout à fait ». Les mecs hésitent. Proche comme je suis, j’entends tourner les rouages rouillés au fin fond de leurs cerveaux engourdis. Finalement ils vont baisser la garde quand cet abruti de Lucien éclate de rire en tapant sur l’épaule de Paulo : « Ah, ah, le frère à Benzéma. Elle est bien bonne celle là » Alors, qu’est-ce que vous croyez ? On est parti pour la bonne vieille baston des familles, alors comme j’ai mis une chemise neuve et que j’ai envie de boire peinard, je sors mon arme et tous les benêts rentrent chez eux. Parfois, les grandes méthodes sont bien utiles. Une fois entre nous, tous les potes demandent à Paulo de payer à boire. « Avec un frère milliardaire tu ne peux pas te défiler » Nous rions de bon cœur. Michel me dit que je suis quand même con. « Ben quoi, Paulo il est de Bron, comme Karim, il nous le serine assez. Qui sait si sa mère n’a pas fauté ? Et puis, il est bon au ballon. » « Au ballon de rouge, oui ! »Mais Paulo s’est déjà rendormi. Nous ne serons jamais la vérité. (Pour Benzéma, hein, parce que pour ce qui est du ballon de rouge…)

3 commentaires:

BBK.mel a dit…

Un flingue, mais jusqu'où ira Martin ?


PS : est-ce que Paulo pourrait m'avoir un autographe de son frère. C'est pas pour moi, c'est pour le cousin du neveu de l'oncle de la bécane à Jules, mais je transmettrai. D'ailleurs, s'il pouvait me filer le numéro de portable de son frangin, je lui demanderai directement l'autographe. Il est marié, au fait, son frère ?

Louis a dit…

BB, mon BB, toi intéressée ? Même Paulo n'a pas d'argent, alors...
Quand au revolver il va certainement nous resservir (j'attends la rentrée)le chômage est trop pénible à vivre pour ces lascars.
bises

BBK.mel a dit…

La femme est vénale...