lundi 1 juin 2009

N°23 Diantre, quelle soirée !

« Saperlipopette regardez donc qui nous arrive tout mouillé de chaud, Martin ! Un rafraîchissement, mon bon ? » L’accueil est pour le moins ampoulé, et j’hésite entre chercher la caméra cachée, (mais comme Béliveau est mort !) , ou coller ma main dans la gueule de Bob, afin qu’il se reprenne quand ce dernier d’un geste m’indique le fond de son bar. Je me retourne pour découvrir toute la petite bande penchée sur un berceau d’où monte un doux gazouillis. (Des pleurs qui me scient les nerfs, en vérité). Bob m’éclaire gentiment : « C’est Louis, le petit-fils d’Arobase » Avant d’ajouter : « Sa mère tient à son éducation, elle ne tolère pas les gros mots » Je hausse les épaules avant de me diriger vers le petit groupe, une bière à la main. Je gueule pour être dans le ton : « Laissez-moi, mater le petit monstre ! » Tout le monde se tourne vers moi pour m’intimer le silence. « Mon Dieu, quel gougnafier ce Martin, il faut toujours qu’il se gausse ! » Là c’est Arobase qui en a remis une couche, alors, écœuré, je retourne m’agripper au comptoir. Michel me rejoint pour trinquer et me calmer. « Laisse tomber, Martin, Arobase est trop heureux »
« Il est obligé de me parler ainsi ? Tu peux dire ce que tu veux, mais quand on pouvait fumer dans les bars, les lardons ne venaient pas nous les brouter pendant l’apéro ». Arobase et toute la petite troupe nous rejoignent pour attaquer la pompe à bière. Quand Lucien renverse son verre sur le bénard de Joël, ce dernier chuchote : « Seigneur ! Lucien, surveille un peu tes gestes, me voilà tout taché ». J’hallucine, mais comme Arobase offre à boire, je reste silencieux. Ce qui n’est pas le cas des autres pitres, qui en rajoute sur la beauté supposée du descendant d’Arobase. Beau, ce chiarre ? Je ne vois pas, sauf à le comparer à son grand-père. Mais là, ce n’est pas difficile. Je rumine ma mauvaise humeur, bien décidé à ruiner « le papé » en boissons alcoolisées quand quatre jeunes font une entrée plutôt bruyante. Le patron essaye de les calmer, mais ils éclatent de rire en entendant un : « Messieurs, je vous exhorte à plus de calme. Un enfant dort ici. Il a besoin de repos, que diable ! »
, « Putain, y’a pas moyen de boire un verre ici ? » Lui répond un grand dépendeur d’andouilles qui se mange la mandale habituellement réservée à Lucien. « On t’a dit de parler doucement…et poliment »Les mecs nous regardent interloqués. Je vois bien dans leurs yeux un désir de violence, mais nous formons un tel bloc compact autour de Michel qu’ils préfèrent se barrer en marmonnant de pauvres insultes. Nous reprenons l’arrosage du moutard, frustrés de cette belle baston ratée. Alors on commence à s’insulter entre nous sans employer de grossièretés. Au début c’est un jeu rigolard, « Espèce de grand niquenouille cesse donc de fulminer. » ou « pauvre niais, je vais te délabrer le museau » qui nous fait rire à gorge déployée (mais en silence). Puis, les bières tombant et les insultes se précisant, nous en sommes venus aux mains. Doucement d’abord, puis de plus en plus violemment. Les gifles se sont mises à voler bas. Et c’était un enchantement que de voir les potes s’écharper en chuchotant de délicieux « benêt, godiche, cloche, niais, crétin », et autres douceurs. Je profite de cette saine animation pour me rapprocher du landau avec le secret espoir de pouvoir me débarrasser du petit braillard (La Saône n’est pas loin !) mais la jeune et jolie mère me jette un tel regard de haine que je me vois contraint de lui faire quelques compliments qui m’arrachent la gueu…Heu, pardon, la bouche.
Le pape a bien raison : vive l’abstinence ! ! !

15 commentaires:

Francis a dit…

Cette histoire est savoureuse et joliement farce et je pouffe en silence en glorifiant tes talents de conteur. (J'ai mis des gants de laine pour ne pas faire trop de bruit sur mon clavier)

BBK.mel a dit…

Et en plus, il porte un joli prénom bien choisi ce gniard !

Adèle a dit…

Et comme on dit chez moi, muioc'h a dud a vez beuzet er gwer eget er stêr. Autrement dit, plus de gens se noient dans les verres que dans la rivière, en breton.

Louis a dit…

Merci, je ne sais quoi dire (?)
J'ai bon, là, Adèle ?

Jef a dit…

Dur, dur, de bien parler.

Jocaste a dit…

Je crois que yavait la tante dans le coin et que si quelqu'un avait eu le malheure de s'approcher de la Saône un peu trop près, elle se serait emparée du gosse et foutu le vieux à l'eau. Sans vouloir viser personne, evidemment.
Oui, loulou, une mineure te parle et va pas me dire que t'es pas content ! ;)

Louis a dit…

Oh putain, des mineures !!!
C'est que le docteur a dit que j'étais "presque" guéri. "Presque" a bien précisé le flic !!!
J'ai dit la Saône, parce que la Vologne, ça fait loin ?

Arobase a dit…

Brassens :
Et quand j'entonne, guilleret
A un patron de cabaret
Une adorable bucolique
Il est mélancolique
Et me dit, la voix noyée de pleurs
" S'il vous plaît de chanter les fleurs
Qu'ell's poussent au moins rue Blondel
Dans un bordel "

Louis a dit…

Alors là, avant de claquer le beignet à Arobase, je ne puis que lui chuchoter :" Chapeau, MONSIEUR"

BBK.mel a dit…

Mince, Adèle, tu parles Breton ?!! T'es une fille bien, alors !

Eloïse a dit…

Ah Ah ! Yep, je peux compter sur la tante du Ptit Louis... Et sur son père, t'imagines même pas !!

Ravie que notre ptit loulou soit de passage dans ton bar :)

Bises de nous 3.

La mère, aux yeux de mitraillettes !

Papa de Lili a dit…

Dans ton bar? A son âge?
Commence bien le "niston"!
Arobase t'es pas sérieux. Toi non plus Martin... Vouloir le noyer dans de l'eau! Et la bière ça sert à quoi?
Amitiés.

Annelau a dit…

Il s'en passe chez Roger !!
De verre en verre ,de bar en bar, là où il y a la vie, on vous suit .
Une 'zingeuse' à distance .

Anonyme a dit…

les Louis ont toujours eu une grande braille c'est pour avoir surement une plus grande ouverture du gosier

flo de l'isére a dit…

je ne suis pas anonyme juste erreur de manip