mardi 22 janvier 2008

9. L’Ardéchois


Cette fois là, c’est Thierry mon Beauf le peintre (allez voir son superbe site) qui nous entraîne dans une galerie pour une soirée mondaine, un vernissage, oui. Toute la bande dans un musée, il n’y a que mon Beauf pour imaginer un truc pareil.
« Y’aura à boire, faites-moi confiance » nous dit ce futé de Thierry. C’est l’argument que nous attendions pour nous mettre en route, alors nous attaquons les pentes de la Croix Rousse où sous la pression de la spéculation immobilière, les galeries de peinture remplacent les bars populaires. C’est moins bruyant pour le sommeil de tous ces cadres dynamiques qui achètent des duplex dans ce quartier tendance.
« Bande de cons, dormez en paix » braille Michel que la nouvelle couleur démographique du quartier exaspère.
La galerie est plutôt sympa et Eric le peintre ardéchois qui expose confirme cette première impression en nous aiguillant immédiatement vers le bar richement fournit en vin des Côtes du Rhône. Une véritable caverne d’Ali Baba. J’essaye un petit blanc qui m’enchante le cœur. Je vois dans les yeux de Michel que le rouge est à la hauteur. Quelle belle soirée. Il n’y a que ce pauvre Lucien qui râle, puisqu’il ne supporte que la bière. « Cela tombe bien, tu nous ramèneras » lui dit Michel en attaquant son troisième verre. « Mais…nous sommes à pied » proteste imprudemment Lucien qui ramasse la baffe qui lui revient personnellement. Une par soirée, c’est le tarif minimum.
Je vais pour passer au rouge, quand mon Beauf, d’un coup de coude attire mon attention vers les murs de la galerie. Merde ! On avait complètement oublié le peintre. Il nous regarde tristement. Il a compris qu’avec nous, il n’était pas prêt de faire fortune. Roger pourtant, lui, adore ce que fait Eric et il lui promet qu’il lui achètera une tonne d’œuvre pour décorer son futur bar.
« J’ai envie de rehausser le niveau, j’aimerais changer de clientèle »
- Tu dis cela pour nous ? Michel l’œil lourd a déjà posé son verre et Roger comprend qu’il a parlé un peu vite.
- Qu’est-ce que tu vas imaginer, vous êtes ma famille, Martin et toi !
En parlant de famille, mon Beauf qui a atteint son seuil de tolérance, commence à vouloir décrocher les œuvres pour les agencer à « sa façon » Ca commence à crier dans la tanière et Michel me jette un regard noir : « Putain, Martin, ta famille ! » Il pose son verre à contre cœur avant de se jeter dans la mêlée en moulinant généreusement des mains pour ramener Thierry qui chante maintenant. Nous fonçons derrière lui. Dans la confusion, le peintre a reçu malencontreusement quelques coups, il saigne et plusieurs tableaux sont tombés. Le propriétaire vient imprudemment se plaindre vers nous, alors Michel glisse habilement deux doigts dans les narines du type en tirant vers le haut. Cela calme immédiatement le bonhomme, nous sommes fascinés.
- Qu’est-ce qu’il y avait ici, avant cette galerie ?
Le type roule des yeux, alors Michel baisse le bras :
- Un bar.
Sans faire de commentaire, Michel balance un formidable aller retour au type qui va s’écraser contre le mur en crevant quelques tableaux au passage. On prend les bouteilles qui restent et on sort fièrement en portant Thierry. En passant devant le peintre qui nous sourit malgré son œil enflé et sa bouche édentée, chacun y va de son petit compliment : « Chouette expo », « Super peinture », « J’aime beaucoup » jusqu’à Lucien qui sort le dernier : « La prochaine fois, pense à la bière, ça les énerve moins ! »








10 commentaires:

Anonyme a dit…

Et nouuuus ( tes fidèles lectrices = BBK, profette,... :)
on est de la familllle ? =D

Anonyme a dit…

Voilà ce qui s'appelle "oeuvrer pour l'art de l'art!"
Il est vrai que les peintres flamands du XVI siècle utilisaient la bière pour diluer certains pigments et en particulier le jaune d'oeuf...
Amitiés.

Louis a dit…

Petite Adèle, bien sur que tu es de la famille. Mais à cause de ton age je préfère la jouer profil bas (avec toutes ces histoires de pédophiles sur internet, je ne veux pas voir Sarko débarquer chez moi avec ses flics et TF1)
Toi aussi Papa de Lili (un routier ! putain, un routier!!!)
Vous lisez mes réponses ? Ils faut répondre ? Pourquoi y'a si peu de personnes sur ce blog ?

Anonyme a dit…

Alors mon cher Louis, oui nous lisons tes histoires, puis nous laissons des commentaires et nous revenons même lire les réponses aux commentaires. Mais tu ne le sais pas toujours...

Anonyme a dit…

Bien sûr que je viens lire tes réponses !
V'la que Louis nous fait sa crise de jalousie et d'affection...
;)

Anonyme a dit…

Là c'est une expo bien arrosée. Moi aussi je constate que dans mon village les boutiques sont de plus en plus branchées, galerie de peintures, boutique de bijoux et accessoires hors de prix, il y a ce coté "tendance" dont tu parles. La spéculation immobilière et là aussi.

Louis a dit…

Je fais une crise, parce que ma blonde (qui n'aime pas du tout ce que j'écris) n'arrête pas de me dénigrer.
Alors j'hésite : m'améliorer ou la découper en morceaux. Suivez bien les faits divers en Rhône Alpes !!!

Anonyme a dit…

Découpe, découpe, au prix du kilo de barbaque aujourd'hui tu seras gagnant!
Va jeter un coup d'oeil sur mes "Farfeluseries" tu verras ce que tu pourrais en faire... aux USA!
Amitiés.

Anonyme a dit…

Je rejoints Alain sur son commentaire : découpes !

Louis a dit…

Merci, oh merci.