lundi 4 août 2008

N° 50 L’incendie






Quand Roger a gueulé « au feu », seuls les clients arrimés au comptoir ont entendu l’appel. Pour la grande majorité, Roger disait tellement de conneries dans une soirée, qu’ils ont à peine levé le nez de leurs choppes. Mais pour Michel et moi, il n’en a pas été de même puisque nous regardions de ce coté là quand le gros a ouvert la porte qui à l’arrière ouvre sur une petite cuisine. Dans la seconde qu’il a fallu à Roger pour se glisser dans le bar nous avons pu voir les flammes qui dévoraient la pièce. Et ce n’était pas une blague. Nous avons aussitôt retrouvé nos esprits et moi, toujours aussi courageux j’étais sur le trottoir avant que quiconque ne réagisse. Du grand art. Un peu honteux tout de même, j’ai téléphoné aux pompiers. Le bar s’est vidé tranquillement grâce au sang froid de Michel, qui m’a jeté un regard noir au passage. On attendait un peu anxieux les pompiers quand quelqu’un a demandé où était Johnny. Johnny, ainsi finement nommé pour son cerveau ébréché, est l’idiot du village. Il reste des heures collé au bar à boire et répéter toujours les mêmes conneries. Un peu comme nous, oui vous avez raison ! Mais lui il est « grave »
- Il doit être bloqué aux chiottes.
J’ignore qui a dit cela, mais un frisson d’angoisse a couru sur l’assistance (Vrai, avec des phrases comme cela, si je n’ai pas le Goncourt !) Il faut dire que les toilettes sont en face de la cuisine, derrière le bar, et donc très éloignées de la sortie*. Johnny est fait comme un rat. Michel me regarde et je réalise qu’il va faire une connerie et que si je ne la fais pas avec lui, il en sera finit de notre amitié. Alors je hoche la tête en signe d’assentiment, et nous entrons comme deux héros. Si je ne finis pas en barbecue, je vais avoir une de ces cote avec les femmes, ça va chauffer. En attendant, c’est dans le bar que ça chauffe, je n’ai jamais vu une telle ambiance. C’est impressionnant, beau mais terrible. Il va être difficile de sauver le bar et j’ai une pensée émue pour ce pauvre Roger. Michel se met torse nu pour enrouler son tee-shirt autour de sa bouche et de son nez. Je l’imite et nous avançons avec difficulté. Vers les WC la fumée devient trop importante. Nous nous replions à l’abri du comptoir et Michel toujours vif remplit le grand seau plastique qu’il me retourne sur le crâne, il fait de même pour lui et me fais signe de continuer à l’arroser pendant qu’il avance vers les WC. Centimètres par centimètres nous avançons dans la fournaise. J’ai l’impression d’être en flammes quand je vois Michel surgir du brasier tenant Johnny dans ces bras. On a battu le record du 100 mètres pour sortir sous les applaudissements. Nos sourcils sont roussis mais je bombe le torse imitant Bruce Willis. Les pompiers ont attaqué les flammes, ravageant à la flotte ce qu’il restait du bar.
Des voisins nous invitent à boire pendant que Johnny ne cesse de geindre :
- J’ai pas eu le temps de chier.



*Je réalise que je n’ai jamais décrit le bar à Roger. Finalement, j’ai bien eu raison, puisque ainsi, chacun imagine le bar de ses rêves et puis, maintenant qu’il a brûlé !!!

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Et voilà! Maintenant qu'il est tiré des flammes, Johnny continue a avoir un besoin primaire... C'est ce qui s'appelle avoir doublement ''le feu aux fesses''
Amitiés.
P.S: Non je ne quitte pas la route! Pas de lézards!!

Anonyme a dit…

C'est comme ça que se fini le bar...?
Triste fin, mais tous finissent en héros ;-)
Pour ma part, le bar, je l'imaginais un peu comme celui de Moe dans les Simpsons ^^

Louis a dit…

C'est qui Moe ? (ouais je sais, je suis "grave" )
Pour moi, la petite troupe va maintenant errer de bar en bar le temps de la reconstruction et j'attends toujours vos participations.
Sinon, y'a pas la foule sur mon blog, heureusement que je sillonne la France sinon...

Anonyme a dit…

T'inquiète pas, louis, c'est les vacances, déjà, et puis j'ai déjà remarqué (en vétéran blogueuse que je suis :-p) qu'aux beaux jours, la blogosphère vit au ralenti.
Tu verras, cet hiver, tu auras plein de monde dans ton bar !
D'autant qu'il sera reconstruit, d'ici là, j'en suis sûre, avec tous les potes que Michel a pour l'aider à retaper ! ;-)

En tout cas, pour ta cinquantième, "un p'tit beurre, des touyous" !! ;-))))

Eloïse a dit…

Ces histoires de Martin sont superbes ! J'vais m'attaquer aux nouvelles de tes zinvités maintenant Louis.. Un vrai plaisir à lire en tout cas, merci beaucoup !