samedi 30 août 2008

2. C’est la faute aux 35 heures…






A errer chaque soir sur le plateau de la Croix Rousse à la recherche d’un bar accueillant, nous finissons par ressembler à une troupe en déroute, mes potes et moi. Nous sommes beaux ! Michel évidemment, Lucien, Joël, Arobase et même Roger certains soirs où sa petite poulette lui ferme la porte de la chambre à coucher. Il y a, parfois, des types dont j’ignore le nom. Des types qui nous suivent par sympathie, par solidarité. Des pochetrons, faut pas se voiler la face. Ils ne nous aident pas vraiment. Pas du tout d’ailleurs. « On dirait le peuple Juif dans sa longue errance » déclame un Michel inspiré. Déjà deux refus ce soir lorsqu’il se met à pleuvoir, alors on ne réfléchit plus et nous entrons au « Jazzy », un bar à musique qui nous est pourtant interdit depuis longtemps déjà. Le patron, une vieille connaissance, est tendu à mon entrée, surpris en voyant les autres mais il éclate de rire lorsque Roger franchit le sas.
- Vieux grigou, qu’est-ce que tu fous avec ces vagabonds ?
- Mais, mais, c’est mes clients. Répond Roger en levant les bras en signe de dépit
- Ben mon pauvre, t’es pas sorti de l’auberge !
Que les deux épiciers se mettent à pleurer sur leur sort, ne nous dérange pas du moment où nos verres sont pleins. Et c’est assez rapidement le cas, alors chacun vaque à ses occupations. Ce soir, un pianiste crée une ambiance jazzy des plus chaleureuse et avec Michel, nous nous tordons le cou pour lancer quelques œillades « discrètes » vers deux belles plantes, qui sirotent leurs cocktails d’un air inspiré. « des prix Nobel, pas moins » me glisse Michel moqueur, quand Roger qui a surprit notre manège, interrompt la longue litanie de tout ce qui l’étrangle : « Les taxes, les impôts, les lois, les 35 heures et les clients » pour nous dire de nous calmer.
- Je connais ces filles, et ce n’est pas pour vous.
Sûrement la phrase à éviter avec des mecs comme nous. On va pour se diriger vers nos futures victimes, lorsque ma blonde et son amie font une entrée triomphale dans le bar. Ah, elles sont chouettes, accompagnées de deux types insignifiants dont je programme déjà la démolition. Et pas discrètes, ça non. Charlène la brune, en apercevant Michel, se jette dans ses bras en gloussant. Je colle ma blonde contre le bar avant qu’elle n’aille rouler une pelle au pianiste. Je connais l’oiseau. On boit et on fait boire leurs deux chevaliers servants. Ben quoi ? c’était ça ou l’hôpital ! Et puis Roger nous avait fait les gros yeux, on allait pas se battre.
Je vois sortir, avec un petit pincement au cœur, les deux beautés aux cocktails. Surtout que lorsque je propose à ma blonde un petit détour par ma chambrette, elle m’éclate de rire au nez. Alors je boude et tout le monde rigole. Puis Michel part avec Charlène, les deux types s’endorment à coté d’Arobase et de Joël et j’ai le moral au plus bas. Ma blonde rentre seule, alors je me cale au bar avec les deux commerçants et Lucien, le seul survivant de cette soirée maudite.
- Bon, alors, ces taxes…
Ce soir là j’ai vécu l’enfer, cela m’apprendra à me montrer magnanime

6 commentaires:

Anonyme a dit…

J'aime bien l'ambiance de cette histoire ;-)

Louis a dit…

Merci Francis. Tu es un bienfaiteur !!!

Anonyme a dit…

Les soirée mornes ou plutôt les soirées pas de chance ! Elles sont dures à vivre, faut s'y faire, hélas !

Anonyme a dit…

Pas sympa ta blonde !! Dure soirée pour Martin !

Anonyme a dit…

Il a du talent, le bougre.
PS: petite faute de frappe, dernière ligne" ce soit là"...Bisous

Louis a dit…

Oups !!! c'est corrigé. Si il n'y en avait qu'une !!!
Merci