dimanche 8 juin 2008

N°45 La fête des lumières

Week end du 8 décembre à Lyon, c’est la fête des lumières et plein de touristes dans les rues. Mais pas chez Roger qui fait la gueule. Avec Michel, on lui remonte le moral : « Tu as préparé les verres ? Parce qu’avec 4 millions de touristes annoncés, tu vas faire des affaires ». Il hausse les épaules le gros. Notre humour à deux balles, il en a soupé. Alors je renouvelle la tournée, manière de lui réchauffer le cœur, parce qu’il n’y a que le son du tiroir caisse qui puisse le guérir. Il faut bien reconnaître qu’avec tout ce monde dans les rues, la circulation automobile interdite et les transports en commun bondés, son petit commerce a du mal à tourner à notre pote. De toute façon tout le monde râle ce soir, c’est aussi fait pour cela un bar. Mais moi j’aime bien les lumières, j’aime cette fête, même si comme tout à chacun je déclare que c’était « mieux l’année dernière ! ». Je sillonne la ville à la recherche de toutes ces merveilles lumineuses. Cette année je suis même monté sur la colline de Fourvière, (sans les curés, hein !) pour admirer la ville illuminée, et j’en ai eu les larmes aux yeux tellement c’était beau. J’en ai profité pour découvrir, ou redécouvrir des petits bars cachés, parce que, pardon, mais quelle foule ! Des millions d’appareils photos numériques sur pattes.
Michel est en train de répéter pour la énième fois, que tout cela, c’est nos impôts locaux qui partent en fumée, et je vais lui coller les deux beignes qu’il mérite, quand notre pote Joël fait une entrée triomphale escorté de deux top modèles à la beauté fracassante. Hilare et fier comme un poux, ce vilain présomptueux va s’asseoir en salle avec ses deux donzelles, sans daigner venir nous saluer, ce qui, vous l’admettrez ne manque pas de sel quand on sait que ce petit monstre ne serait rien sans nous. C’est d’ailleurs ce que je rappelle à Michel tout en lui refermant doucement la mâchoire et en essuyant soigneusement la bave qui coule le long de son menton. Il réagit en s’ébrouant violemment. Nous descendons de nos tabourets pour venir nous asseoir à la table de l’ingrat.
- Ah, vous étiez là ? dit finement ce tocard, qui fait monter dangereusement mon taux d’adrénaline.
Les deux jeunes femmes sont de pures beautés. Elles nous sourient joliment toutes fossettes en avant. Et elles n’ont pas que les fossettes en avant si vous voulez mon opinion. Leurs pulls sont aussi tendus que Michel qui se remet à baver. Elles doivent être Mongoliennes à mon avis pour traîner avec ce pauvre Jo. Je ne suis pas tombé loin puisqu’il ajoute :
- Elles sont Russes, elles sont belles, non ?
Comme personne ne lui répond, il offre une tournée.
- Elles étaient paumées, alors je vais les balader un peu dans les rues. Leur faire découvrir la ville, c’est des touristes.
Je n’arrive pas à détacher mon regard des yeux de celle qui me fait face. Deux bijoux sombres zébrés d’or. Une merveille ! Il me faut toute ma volonté pour ne pas baver moi aussi. Et puis, Michel parle, brisant ainsi l’espèce d’enchantement qui nous tenait prisonnier. Une bien douce prison.
- Toi, mon pauvre Joël, tu vas leur faire visiter la ville ? Toi qui te perds en venant ici ? tu plaisantes ? Rentre vite chez toi te coucher, on s’occupe de tout, Martin et moi.
Evidemment il renaude le bougre, alors on rigole et on lui fait payer un max de tournées à Don Juan. Deux qui rigolent, ce sont nos petites étrangères, qui parlent couramment le français puisqu’elles sont internes à l’hôpital neurologique. Elle parlent même mieux que nous si vous voulez mon avis. Elles voudraient voir de « jolies lumières » et je me mords les joues pour ne pas leur dire que chez moi j’ai un halogène. Cela ferait tache. Alors, sans se concerter, avec Michel on attaque le plan B : Rafales de bières pour Joël. Et au bout d’un moment, on lève le camp tous les quatre. Quatre, parce que le pauvre Jo, quand il veut se lever, ses genoux le trahissent. Il encaisse mal la bière. La bière et le cognac que Michel glissait discrètement dans son verre à ce peintre. Nous allions sortir, avec nos conquêtes un peu titubantes, lorsque les deux maffieux russes sont entrés à la recherche de leurs poules. M’est avis, vu leurs gueules que les filles ne devaient pas trop étudier la médecine, il y avait tromperie. Prudemment, Michel et moi avons effectué un repli stratégique jusqu’au bar, certain que ces types étaient des tueurs. Pendant ce léger flottement, cet ahuri de Joël, avait réussi à se lever, trop allumé pour comprendre la situation, et il a foncé prendre le bras des filles. J’aurais trop mal à vous dire comment il a dégusté. Les deux truands, ne supportant visiblement pas que l’on touche à leurs compagnes. Nous, on a pas bronché. Le nez dans notre verre. Comme l'a si bien expliqué Michel à un Joël plein se sang : « Tu comprends, nous on aime pas se battre, surtout avec tous ces touristes, cela la foutrait mal » J’ai bien vu dans les yeux de Joël un éclat de haine, mais il avait sa dose pour ce soir, et puis Michel a sut lui parler : « reste pas collé contre moi, merde, tu saignes dans ma bière »

6 commentaires:

Le Parcheminé a dit…

Encore des femmes qui se disputent et foutent le bronx dans le rade...
Ca devient une habitude.

Anonyme a dit…

Pauvre Michel. Qu'est-ce qui lui a apris de venir crâner dans le bar comme ça, aussi...

Louis a dit…

Oh, la demoiselle !!! c'est Joël qui dérouille, pas Michel, jamais Michel !!!

Anonyme a dit…

Wow, je crois que c'est l'un des meilleurs épisodes, en tout cas, il y a des phrases d'anthologie, là-dedans, comme : "Des millions d’appareils photos numériques sur pattes" ou "Elles voudraient voir de « jolies lumières » et je me mords les joues pour ne pas leur dire que chez moi j’ai un halogène" ! ;-)))
Well done !!!
(ben vi, quoi, faut bien que je fasse travailler mon élève ! ;-) )

Louis a dit…

Merci Profette, tu es si bonne. bises bises bises

Eloïse a dit…

J'ai aussi bien aimé le coup de l'halogène ! C'est vrai que c'est toujours mieux qu'un néon..