dimanche 27 janvier 2008

31. A vendre

Roger vend son bar. Disons plutôt qu’il le met en gérance. Depuis son divorce, le gros Roger, ne se sent plus. Il fricote avec une gamine et tout cela lui monte un peu à la tête. Et en plus, il a toujours besoin de fric. Ce soir il va nous présenter le nouveau et il y a de l’émoi dans la zone. Changer nos habitudes ainsi, n’est pas innocent. Avec Michel, nous buvons avec acharnement pour conjurer nos angoisses.
- Roger il est con, mais je m’y suis habitué.
J’approuve cette docte sentence prononcée par mon pote lorsque le patron nous rejoint dans notre coin favori.
- Allez les pochtrons, faites pas cette gueule, tout va bien se passer.
- Commence par remettre ta tournée, au lieu de raconter des conneries, lui répond un Michel bougon.
Roger remplit nos verres, avant de nous expliquer à quel point il en a ras le bol de ce bar. Il s’adresse directement à Michel en me désignant expressément :
- Tiens, par exemple, vois ton pote là, le Martin, pas une semaine sans qu’il ne déclenche une petite bagarre ou une gentille tuerie. Et pas la petite bagarre de salon de thé, non, là, c’est carrément la bagarre avec des conséquences genre tapis de bombes. J’ai dû refaire mon bar trois fois depuis le début d’année. Avec lui, faut aimer le sang. Et je ne te raconte pas les femmes et mes rapports avec la police et la mairie.
Je veux lui répondre de cette manière cinglante qui m’a rendu célèbre sur le plateau de la Croix Rousse lorsque son remplaçant nous rejoint.
- Laissez moi vous présenter Jean Luc, celui qui va avoir l’honneur de vous abreuvez à compter de ce soir.
Le type, un rouquin particulièrement antipathique, ricane avec hypocrisie, mais renouvelle nos consommations, ce qui lui évite de prendre la baffe qu’il mérite d’entrée. Nos relations commencent mal, je trouve. Roger reprend l’inventaire de mes exploits et de mes qualités, alors, je les laisse à leurs racontars pour me rapprocher d’une petite brune renversante qui trône en bout de bar. Comme nous avons échangé quelques œillades depuis le début de la soirée, le contact est facile et au bout de quelques minutes nous rions et discutons comme deux vieilles connaissances de bistrots. De près elle est encore plus belle. Ses grands yeux verts sont parsemés d’éclats d’or qui lui donnent un regard à nul autre pareil. Je vais lui proposer discrètement le baiser fougueux qui s’impose lorsque le roux limonadier vient nous interrompre grossièrement.
- Muriel, tu ne vas pas te laisser séduire par ce loustic ?
Sous le coté ironique du ton, je sens poindre l’insulte. Dans un bar, comme dans la vie, il faut d’entrée marquer les limites à ne pas dépasser. Aussi, je me dresse sur mon tabouret pour attraper le rouquin par le col. Je l’attire à moi, inspire profondément avant de placer mon coup de boule magique. Son pif éclate et il se met à beugler en se tenant le visage. Evidemment il salope tout le bar avec son sang et Roger se met à hurler qu’il en a marre de toute cette bande de tarés, ce qui donne le signal des hostilités.
- Tu es malade ou quoi ?
La petite Muriel me regarde comme si j’étais un monstre avant de se précipiter vers son homme. Ecœuré par une telle attitude, je rejoins Michel qui rigole franchement, en évitant les chaises qui volent.
- Si tu veux mon avis, il n’est pas près de le vendre son boui-boui Roger.
Ben, vous n’allez pas me croire, mais il avait raison. C’est dingue comme les petits commerçants sont susceptibles de nos jours.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Je connais la VRAI raison pour la quelle le bar est à vendre.
Voilà ce qu'on sait de ce bar :
Une association de nains a monté un club de football, et chaque dimanche ses
équipes jouent l'une contre l'autre. Après le match, tous vont dans un café
on leur réserve la salle à l'étage pour boire un vin chaud.

Un dimanche, un client bourré, accoudé au comptoir, voit descendre dans
l'escalier un, deux, trois, cinq, dix enfin onze nains en maillot bleu qui
traversent la salle, passent devant lui et sortent dans la rue. Il se frotte
les yeux et recommande un whisky. A peine l'a-t-il bu qu'il voit un, deux,
cinq, dix puis onze nains en maillot rouge descendre à leur tour l'escalier,
passer devant lui, sortir dans la rue. Il appelle Tony, le propriétaire du
bistrot et lui dit à l'oreille : "Je voudrais pas t'inquiéter, mais y'a ton
baby-foot qui se barre".

C'est quelque chose !!

Unknown a dit…

N'en fera jamais d'autre le Martin! Le bar ne se barrera pas!
Comment fait-on pour éliminer cet avion qui survole le monde et empêche la lecture de tes ""tendres"" paroles? Amitiés.

Louis a dit…

Et là, cela va mieux?
Y'a trop de bordel sur ce blog!!!

Anonyme a dit…

Mince, je viens de me rendre compte que je n'ai pas mis de commentaires sur cette histoire ! Juste pour dire que moi je le rachèterais bien le bar de Roger, histoire de boire quelques verres avec Martin. Et puis toi aussi, si tu veux ! (bon, dis quand même à Martin de pas me casser la figure sous un pretexte fallacieux !)

Louis a dit…

Martin ? Frapper une femme ? Tu plaisantes ?
D'ailleurs Martin est un ange. Pas patient faut être juste, mais un ange si!!!

Eloïse a dit…

C'est bien que Roger n'ait pas vendu son bar, m'y suis attachée au Roger moi..